LA SOCIÉTÉ SOUS TOUTES SES COUTURES
Teatricus est allé à la rencontre de Nicolas Goyette, co-coordonnateur de Cinéma sous les étoiles et membre travailleur à Funambules Médias, coopérative de travail située à Montréal.
MÉDIAS EN MODE PLEIN AIR
Créé en 2008, Funambules Médias est l’œuvre de cinéastes-producteurs ayant mis leurs ressources en commun pour obtenir davantage d’équipement et de ressources ainsi qu’établir une structure administrative en vue de réaliser des documentaires sociopolitiques. Ils s’adonnent à la production vidéo, qu’ils orientent vers l’économie sociale et le secteur communautaire, ce dernier comprenant les syndicats et les ONG en solidarité internationale. Ils offrent également de la formation en vidéo citoyenne, notamment à des jeunes de divers milieux, y compris à ceux qui font des stages à l’étranger. Cette formation leur donne les compétences pour étoffer le contenu de leurs projets. Aux initiatives tout juste mentionnées s’est ajoutée, en 2010, la diffusion de cinéma documentaire au parc Laurier. Au fil du temps, tout en continuant à travailler au sein de Funambules Médias, la plupart des gens à l’origine de la coopérative sont devenus des documentaristes. Certains d’entre eux ont fini par faire des longs métrages avec d’autres institutions, ce qui confère une certaine réputation à l’équipe de production. Le travail de l’organisme s’articule donc autour de la formation, de la production et diffusion de cinéma documentaire à caractère sociopolitique, c’est-à-dire orienté vers le changement social et la justice sociale.
CRÉATIFS EN CONNAISSANCE DE CAUSE
Comme toute coopérative de travail, la mission première de Funambules Médias est de donner du travail à ses membres. Mais l’organisme se donne également pour mission d’offrir une tribune aux populations marginalisées afin de traiter d’enjeux sociopolitiques peu abordés. Nombreux sont les gens à s’intéresser à l’organisme. Parmi eux, ceux et celles qui débutent dans les milieux culturel, événementiel et cinématographique : « Ce sont des jeunes très curieux qui s’intéressent à nous, ce qui est génial, parce que comme nous touchons un peu à tout, nous leur servons d’école », affirme Nicolas Goyette. Mais il n’y a pas que les jeunes qui cognent à la porte de l’organisme : « Nous nous impliquons beaucoup auprès de l’ensemble du mouvement coopératif et du mouvement pour l’économie sociale, notamment avec le Chantier de l’économie sociale et le Réseau de la coopération du travail du Québec.
Nous travaillons aussi avec le TIESS et toutes sortes d’autres groupes qui désirent faire affaire avec des gens offrant des services de production vidéo. Et comme nous sommes une coopérative, ils savent que nous nous fondons sur des valeurs et que nous n’avons pas pour but de faire fortune. S’ils font appel à nous, c’est en quelque sorte parce que nos valeurs leur inspirent confiance, et bien entendu pour obtenir du travail de calibre professionnel. En ce moment, une sorte de mouvement au sein de grandes institutions comme la Ville de Montréal ou la Caisse de dépôt et placement du Québec incite celles-ci à acheter davantage dans le secteur de l’économie sociale, du fait des retombées locales et communautaires que ça entraîne. », explique notre interviewé. S’intéresse également à Funambules Médias le public de Cinéma sous les étoiles, entre autres « les gens qui assistent à d’autres festivals liés à notre organisme (RIDM, Vues d’Afrique, Cinema Politica, etc.), mais aussi des gens moins cinéphiles venant tout de même aux parcs voir des films et profiter de l’aspect douillet de nos soirées. De plus, Funambules Médias suscite l’intérêt de beaucoup de femmes de tous les milieux et de toutes les générations, mais surtout de la tranche des 25-35 ans. »
PERSÉVÉRER MALGRÉ TOUT
Un projet collectif du genre de Funambules Médias ne saurait fonctionner sans un personnel dévoué qui, n’en déplaise aux stéréotypes, compte des membres du troisième âge dont la contribution est non négligeable : « Pendant plusieurs années, nous avons peiné, et peinons encore, à offrir des salaires dignes de ce nom, reconnaît notre interviewé. Il a fallu investir énormément de temps pour établir une structure d’entreprise viable. De plus, nous devons faire preuve d’une grande ouverture quant à l’implication d’autres personnes, et lorsqu’il s’agit de leur déléguer certaines de nos responsabilités. Oui, c’est un défi, mais par comparaison avec une entreprise à structure entièrement verticale où responsabilité et possibilités n’abondent pas, c’est gratifiant de travailler pour un organisme comme le nôtre. »
Dans le cas de Funambules Médias, qui dit « personnel dévoué » dit forcément « personnel polyvalent » : « La plupart des gens qui ont longtemps travaillé avec nous, ou qui le font encore, acquièrent toutes sortes de compétences complémentaires aux leurs. Ils s’initient aux communications, à la mise en page, au graphisme, au montage, au tournage, à la prise de son, et ainsi de suite. Si, par exemple, nous ne sommes pas en mesure d’embaucher des graphistes et des illustrateurs, nous faisons de notre mieux pour faire leurs tâches. Je crois que de nos jours, les gens en mesure de s’adapter à une multitude de tâches s’en tirent le mieux, ne serait-ce que parce qu’ils entretiennent leur désir d’apprendre et de relever des défis divers. »
REMÉDIER AUX CARENCES DU MILIEU CULTUREL
En matière de rémunération, Funambules Médias se fait un point d’honneur de donner à ses salariés un taux horaire de 15 $. Néanmoins, l’organisme dépend beaucoup des subventions salariales que le gouvernement du Québec octroie. Et comme celles-ci sont d’au maximum 12 $ l’heure, l’organisme est contraint de fournir les trois dollars supplémentaires : « Ce serait bien d’offrir des subventions à 15 $ l’heure, car en récupérant ce 3 $, nous serions en mesure d’offrir une rémunération aux stagiaires actuellement bénévoles », affirme Nicolas Goyette. Pour ce qui est du financement du milieu culturel, ce dernier croit qu’il y aurait certainement lieu de le bonifier : « Beaucoup de groupes fondés il y a 15 ou 20 ans reçoivent des montants somme toute substantiels afin d’assurer leur fonctionnement, et ils font un excellent travail. On ne peut pas tout simplement piger dans ce qu’ils obtiennent pour que tous les autres organismes n’en reçoivent qu’une saupoudrée. Nous avons notre part à faire pour justifier l’octroi de plus gros montants. Néanmoins, ce n’est pas parce qu’on est un OBNL ou une coopérative qu’il est interdit de demander des fonds supplémentaires ou la contribution du public à l’occasion d’activités gratuites. Si nous ne le faisons pas, nous sommes contraints de ne faire appel qu’à des bénévoles, faute de pouvoir les payer, ce qui est dommage et dommageable. »
PROJETS EN COURS
Funambules Médias s’adonne à une panoplie de projets : « Actuellement, nous développons notre volet Production vidéo d’entreprise pour le secteur de l’économie sociale, les syndicats, etc., affirme Nicolas Goyette. Nous œuvrons aussi à l’amélioration de nos communications, des outils servant à celles-ci et, malgré les contraintes budgétaires, au contrôle de la qualité. » Il poursuit : « En parallèle, et pour ne pas dépendre de fournisseurs externes, nous achetons beaucoup d’équipement de production vidéo, de prise de son et de projection de films. Avec cet équipement, nous faisons de la formation en vidéo citoyenne. Nous faisons également des projets La culture à l’école, de la formation auprès de jeunes de Rawdon risquant de décrocher. » Funambules Médias a en outre réalisé, en collaboration avec SUCO et l’ŒUVRE LÉGER, un projet intitulé Sortir du désert . Le court-métrage, qui se penche sur les déserts alimentaires, est tourné dans le quartier Sud-Ouest de Montréal. Les jeunes, qui ont été formés en production vidéo, font l’état des lieux des sources d’approvisionnement alimentaire du quartier. Sinon, l’organisme s’occupe de Cinéma sous les étoiles et de ses 61 projections extérieures gratuites cet été : « Il s’agit d’une grosse programmation nationale et internationale, assortie d’invités tous les soirs et dont le bon déroulement est assuré par toute une équipe technique, d’animation et administrative. Nous travaillons aussi à la consolidation des activités de nos festivals dans le but d’améliorer les conditions de travail de tous».
LE PARTENARIAT AVEC TEATRICUS
C’est par l’entremise d’un site consacré aux pigistes que Funambules Médias est tombé sur Teatricus, qui y affichait des offres d’emploi : « Nous nous sommes intéressés à la plateforme et aux possibilités d’y publier nos propres offres d’emploi, raconte Nicolas Goyette. Après avoir communiqué avec Teatricus, nous nous sommes rendu compte que sa mission était semblable à la nôtre, que ce n’était pas le Grenier aux Emplois ! Nous sommes par la suite allés rencontrer l’organisme à son bureau et, depuis 2 ans, nous collaborons pour Cinéma sous les étoiles et nous nous échangeons de la visibilité. Nous avons trouvé intéressante l’étendue de sa couverture du milieu culturel, couverture qui ne se limite pas qu’aux offres d’emploi. Grâce à Teatricus, nous pouvons voir ce qui se trame dans le milieu culturel. Nous trouvons également intéressant que les travailleurs autonomes puissent afficher leurs profils, avec ou sans lien vers leur propre site Web. Ce qui est bien, c’est que s’ils n’ont pas de site Web, ils peuvent tout de même promouvoir leur page Teatricus. »
Rédaction : Gianmarco Muia
Entrevue & crédits photos: Nidesco
Pour lire et/ou télécharger l’article en PDF, cliquez sur le lien suivant :
http://https://www.youtube.com/watch?v=tYsRz6tDYBY&feature=youtu.be
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