LES ÂMES ACROBATES
Découlant de l’association de trois amies, Cirquantique est un collectif artistique dont les présentations se veulent un heureux mélange de cirque et de burlesque sur fond de musique live. Teatricus s’est entretenu avec Mélodie Couture, cofondatrice de Cirquantique et spécialiste de trapèze fixe, de hula hoop et d’animation sur échasses.
CIRQUANTIQUE, UN PROJET JEUNE ET ANTIQUE À LA FOIS
En résidence au Bain Mathieu depuis 2015, Mélodie Couture et le reste de l’équipe de Cirquantique s’estiment choyées de pouvoir présenter leurs spectacles dans un endroit aussi formidable. Évidemment, la possibilité d’évoluer aux côtés de confrères du monde artistique y est pour beaucoup : « Le fait de pouvoir côtoyer d’autres artistes de notre communauté, d’échanger avec eux, de voir ce qui se fait d’autre et ainsi pousser notre créativité nous inspire. D’ailleurs, c’est ce qui nous a motivées à créer le Cocktail Cirquantique, qui a lieu le dernier dimanche de chaque mois. Il consiste en des présentations réalisées par des artistes de notre communauté. Nous leur offrons une plateforme pour faire des numéros qu’ils n’ont jamais pu réaliser. Après tout, travailler dans le monde du cirque nous oblige parfois à exécuter des numéros dont nous n’avons pas toujours profondément envie. Par conséquent, nous avons jugé très bon d’offrir cette vitrine aux artistes de notre communauté, et ça marche très bien. », soutient la cofondatrice du collectif.
LES INSPIRATIONS D’AILLEUR VERS ICI
Cirquantique est un jeune collectif, composé de jeunes gens… qui vibrent au rythme des thèmes antiques ! En effet, Cirquantique s’est donné en spectacle pour la première fois en 2012 avec Arena, prestation enracinée dans la thématique de la Grèce Antique. Est venu ensuite Bang ! Bang !, spectacle inspiré des années 1920 et dont trois éditions ont été présentées depuis 2012. Cirquantique a également créé d’autres spectacles ayant pour thème les années 1950. Depuis 2014, il est constitué en coopérative de travail : « Nous sommes sept travailleuses, toutes des femmes, chose qui nous tient à cœur ! », s’exclame Mélodie Couture. Pour cette dernière, la danse et le théâtre sont venus avant le cirque. Puis, lors de voyages à l’étranger, elle découvre l’univers ce dernier : « Après l’avoir découvert, j’ai intégré le cirque à mes disciplines premières parce qu’il s’harmonisait fabuleusement bien à elles. Une fois le tout bien assimilé, j’avais un moyen d’expression personnelle sans pareil. À mon retour à Montréal, j’ai cocréé Cirquantique. »
SPLENDEURS ET MISÈRE DES MÉTIERS DU CIRQUE
À l’instar de toute discipline, acrobatique de surcroît, il faut beaucoup d’entraînement pour maîtriser un ou plusieurs métiers du cirque. À cet égard, une bonne dose de passion est également la bienvenue. De plus, il faut entendre « entraînement » au sens large, qui englobe conditionnement physique et prévention : « Comme notre instrument de travail, c’est notre corps, il faut évidemment en prendre soin pour réduire au minimum le risque de blessures. À ce chapitre, j’ai été chanceuse jusqu’à présent. N’empêche que c’est le plus grand défi des métiers du cirque. En revanche, il faut dire que c’en est aussi un beau, car on en apprend beaucoup sur soimême, ce qui au bout du compte nous rend bien placés pour transmettre aux autres combien il est nécessaire de faire attention à soi. », explique Mélodie Couture. Et qu’en est-il de la durée moyenne d’une carrière dans le monde du cirque ? « Si on l’a commencée lorsqu’on était haut comme trois pommes, notre carrière sera peutêtre plus courte que la moyenne, présume notre interviewée. Mais si l’on fait vraiment attention à soi et que les blessures graves nous épargnent, on peut s’adonner à un métier du cirque bien audelà de la quarantaine. J’en veux pour preuve une dame de quatre-vingt-six ans qui s’adonne encore à la gymnastique ! Les métiers du cirque exigent certes persévérance et dévouement, mais ils nous le rendent au centuple par leurs merveilleuses possibilités d’expression artistique et physique. »
LE CIRQUE ÉVOLUE-T-IL EN VASE CLOS ?
Il est de ceux qui affirment que le cirque est une discipline singulière, qui ne se prête à aucun brassage des genres artistiques. De l’avis de Mélodie Couture, cette affirmation est sans fondement : « Comme n’importe quel artiste, nous sommes à la recherche d’inspiration. Depuis quelques années, je m’efforce d’aller voir autant des expositions de photographie et de toiles que des groupes de musique et des troupes de danse. Ce que l’on retire de ces présentations semble parfois insignifiant, mais il arrive que certains éléments nous inspirent tellement que nous les intégrons à nos spectacles, bien entendu en les adaptant au contexte du cirque et à notre outil de travail principal, à savoir notre corps, explique-t-elle. Je crois que tous les artistes s’inspirent et s’influencent mutuellement. L’art est fait aussi bien pour inspirer que pour se faire inspirer. Même si c’est surtout au XXe siècle que divers genres artistiques ont le plus fortement marqué le cirque, il est tout à fait faux de dire que ce dernier, qui est né il y a longtemps, a évolué en vase clos, à l’écart de toute influence artistique, avant le siècle dernier. »
ENSEIGNER LES MÉTIERS DU CIRQUE
Les écoles de cirque abondent au Québec. Qu’il s’agisse de l’École Nationale de cirque, de l’École de cirque de Verdun ou bien des cours dispensés par Mélodie Couture de Cirquantique, force est de constater qu’on ne s’improvise pas artiste de cirque : « J’enseigne beaucoup depuis quelques années. Inutile de dire que l’acquisition des habiletés techniques requises pour les métiers du cirque est un travail de longue haleine, qui en plus exige beaucoup de rigueur. », informe-t-elle. Autrement dit, si l’on veut vivre d’un métier du cirque, il faut carrément se fendre en quatre !
Rédaction : Gianmarco Muia
Entrevue & crédits photos: Nidesco
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